Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mademoiselle en filigrane
Mademoiselle en filigrane
Derniers commentaires
17 mars 2008

Attente

Je ne sais pas quoi dire sur ma vie, je ne sais jamais quoi dire, c’est devenu un leitmotiv, avec mes amis, aves mes parents, avec mon copain, avec la psy que je serais censée aller voir… Je ne sais pas quoi dire. Je n’ai rien à dire. Je lis les mots des autres avec attention, et et je suis ravie de voir que tout va bien pour eux, mais cela ne fait que renforcer mon sentiment d’échec, sentiment récurrent dès que je prends des nouvelles des autres. Cela n’a rien à voir avec de la jalousie, je suis sincèrement heureuse de voir les réussites des autres, qu’elles soient professionnelles, amoureuses, ou personnelles. Mais par contre, cela m’incite à penser que je suis d’autant plus nulle que ma vie à moi est de plus en plus bordélique, et ne me mène à rien de positif…

J’ai arrêté ma khâgne mi-novembre pour aller en clinique, pour une grave dépression. J’y suis restée trois semaines et après j’ai pris une décision que je regrette à présent amèrement. Paris serait la cause de tous mes soucis. Je voulais rentrer à Nantes. Finie la vie à deux. Je rentrais « chez moi », autrement dit chez mes parents… Je n’ai pas tardé à m’en mordre les doigts… Bref, à cause de moi mon amoureux est obligé de se trouver un nouvel appart avant fin mars, puisqu’on a déposé le préavis de trois mois fin décembre… tout ça alors qu’en fait, entre temps, je suis retournée vivre avec lui, parce que je ne supporte ni mes parents ni Nantes… Toujours ces contradictions, cette incapacité à faire des choix, à s’y tenir…

L’an prochain, j’avais décrété vouloir faire médecine, comme ça, ça m’avait pris d’un coup en décembre… Et puis on s’est renseigné auprès des prépas privées, j’ai pris des cours particuliers aux frais de mes parents avec des étudiants de troisième année, mon père m’a acheté les bouquins… et pfiou ! envolée la motivation, plus le courage… du coup mon avenir reste un grand mystère. Je n’ai pas envie de faire des études, pas envie de travailler, envie de rien pour résumer… Quand je discute avec des amis, il y a toujours ce sentiment intense d’infériorité qui paralyse mes relations, la vive prise de conscience que je ne fais rien de ma vie alors que les autres progressent, avancent, et voient se dessiner leur vie future. Tout me semble si vain, si inutile, si dépourvu de sens.

Tous les jours, à chaque heure, à chaque instant, je me dis, allez, on reprend sa vie en main, on se remotive, on fait quelque chose… et puis l’instant d’après, dès qu’il faut passer à l’action toutes mes « bonnes résolutions » s’envolent. La vérité c’est que je suis incapable de me bouger, incapable de mettre en route ma vie d’adulte… On pourrait en rire, mais j’ai pensé à me prostituer, je me suis dit qu’après tout je ne méritais peut-être pas mieux, et que c’était un métier pas très prenant qui pouvait rapporter beaucoup… Mon amoureux me l’a interdit, mais j’y pense de temps à autre… Ce week-end j’ai quand même réussi à me motiver pour chercher du travail sur internet, j’ai postulé pour mc do, pour quick, pour Acadomia (soutien scolaire), pour être billettiste pour les bateaux parisiens, pour l’aide à la personne âgée… j’espère qu’au moins l’une de ces demandes débouchera sur du travail… ça me permettrait au moins de ne pas être dépendante financièrement de mes parents ou de mon amoureux.

Avec Lui il y a des hauts et des bas. On se sépare régulièrement mais on finit toujours par se remettre ensemble, notre histoire n’est pas un long fleuve tranquille, loin de là ! Il y a des jours où je l’aime à la folie, où je donnerais tout pour rester blottie dans ses bras, où je me vois très bien passer le reste de ma vie avec lui. Mais il y a aussi tous ces moments où  je doute… Etant donné qu’il m’a trompée et menti pendant un long mois, ma confiance en lui est très sérieusement ébranlée et je crains sans cesse qu’il ne se foute de ma gueule à nouveau. Au lit, je m’énerve régulièrement de ses « pannes », et des fois je me dis que je ferais mieux de trouver un mec plus « performant » (mais ça c’est tout moi, ne jamais me satisfaire de ce que j’ai… parce que par contre quand tout roule, c’est vraiment génial, comme quoi je ferais peut-être mieux de voir les bons côtés !) Et puis il est du genre à tout garder pour lui les reproches ou questionnements qu’il a, et à agir par derrière ensuite (genre la petite-remarque-qui-tue trois mois plus tard, ou la webcam qu’il laisse allumée dans l’appart toute la journée pour me surveiller … ) Et puis je ne supporte pas sa « cradoterie » généralisée, tu lui laisses un appart pendant trois mois, JAMAIS il ne va penser à faire le ménage… d'où l’état déplorable de l’appart du coup ! (et donc je me retrouve à faire la bonne pour monsieur quand je viens, parce que moi je ne supporte pas de vivre dans la crasse…)

Notre relation est paradoxe : nous ne pouvons pas vivre séparés, nous ne pouvons pas vivre ensemble. Trop dur d’être éloignés l’un de l’autre, de ne pas s’endormir l’un contre l’autre, de ne pas partager notre quotidien. Trop dur de se supporter au quotidien, de se respecter dans nos actes et nos paroles, d’apprécier le temps passé ensemble. Que faire ?

Il y a donc une petite larve de vingt ans, perdue quelque part entre Nantes et Paris, qui n’arrive pas à muer, à révéler ses jolies couleurs de papillon à son entourage, à exister par elle-même. Perdue. Oui, c’est ça, perdue.

Mine de rien c’est tout un boulot de grandir… Peut-être ai-je plus de mal que d’autres. Peut-être que je me pose trop de questions. Ma vie n’est que questionnement, je suis en permanence dans l’introspection, dans le ressenti. Eloignée de la réalité et de l’action, du tourbillon de la vie. Bien au chaud dans mon cocon dont je ne parviens pas à sortir. Je ne suis nulle part aussi bien que sous notre couette, ma tête reposant aux creux de l’épaule de mon amoureux, mon ipod sur les oreilles, à attendre que le temps passe. J’ai bien conscience que ce n’est pas la vraie vie ça. Je suis hors de la réalité, je vis dans un monde de vacances permanentes, pesantes car permanentes, mais sans aucune envie ni force pour m’en sortir… Je survis. Oui voila, je survis, je me laisse aller, je laisse ma vie s’écouler devant mes yeux, sans y prendre part.

Où donc les autres trouvent-ils la force d’avancer, de se projeter, de vieillir, de construire ? Nous sommes des poussières de rien, et j’en ai une conscience aigüe, qui me paralyse. Je cherche chez les autres la force de vivre, je puise tout l’amour qu'Il peut me donner (il est d’ailleurs le seul à m’en donner) mais cela ne suffit pas, jamais assez… J’ai ce sentiment sans doute injustifié que je n’ai pas les ressources en moi pour me lancer, alors je me recroqueville et j’attends. Quoi ? ça je n’en sais rien. Je sais juste que j’attends.

Publicité
Commentaires
Mademoiselle en filigrane
Publicité
Archives
Publicité