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Mademoiselle en filigrane
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24 janvier 2009

Robots heureux.

P1010177

Souvent l'envie de partir me reprend. Besoin immédiat, irréfléchi, et vital. C'est là que je prend conscience que je n'ai nulle part où aller. Que je ne serai jamais heureuse nulle part tant que je vivrai dans ce monde que j'exècre. Ce monde où la moquerie donne aux autres le sentiment d'exister, d'être moins médiocres. Ce monde où la forme importe bien plus que le fond, où des propos superficiels, catégoriques, injustifiés, sans nuance et sans appel, emportent l'adhésion d'une majorité aveuglée par le verni d'un air suffisant et du verbe facile. La conformité est condition sine qua non d'intégration, le but étant l'alignement en apparence et en profondeur sur une norme moyenne, suffisante et satisfaite. Je pourrais admettre ce fait si l'hypocrisie ne s'en mêlait pas, à savoir cette espèce d'originalité que chacun de doit d'afficher, qui n'est rien d'autre qu'un aspect supplémentaire du conformisme, l'originalité elle-même se devant d'entrer dans un cadre bien précis. Les gens se réjouissent inconsciemment d'être des robots. Le formatage a ce côté rassurant de l'appartance à une masse, à la normalité.

Folle. Ils disent de moi que je suis folle. Folle parce que ce que je leur renvoie les effraie trop dans le conformisme hypocrite. Folle parce que je chéris ma liberté bien plus que leurs menaces. Folle parce que j’ose exprimer tout haut ce que je pense tout bas. Folle parce qu’hypersensible. Délit de folie. Exclusion.

Est fou celui qui semble trop différent de soi-même. On se rassure comme on peut. Dans sa certitude d’être « normal ». Eux sont donc normaux et moi folle. Mais si ça peut les rassurer de me penser folle, moi ça me rassure qu’il ne me considèrent pas comme normale !

Le revers de la différence est la solitude. La solitude de fait et la solitude d'esprit. Et la douleur liée à ce regard lucide sur un monde qui ne tourne pas rond, sur la puissance de la bêtise qui gouverne la masse. Les deux réactions qui s'enchevêtrent et se contredisent sans arrêt dans mon esprit sont la rébellion et la fuite. Je n'ai jamais réussi à me contenter d'indifférence. Je n'ai pas de compagnon de lutte, ma croisade contre la bêtise est solitaire de fait. Des larmes et des cris ont remplacé mes violences ordinaires, je retournais ma colère et mon désarroi contre moi, au fil des années j'ai appris à me distinguer différemment des autres qu'en m'aggressant moi-même.

Je ne suppporte plus d'être le spectateur quotidien de leur médiocrité. De leurs faux-semblants, de leur arrogance, de leurs jeux sociaux répétés à l'infini, de leurs regards vides, de leurs paroles creuses. Je refuse de me ranger dans la file, de répondre à ce qu'ils attendent de moi. Et je me coupe par là-même de tous les autres au fur et à mesure. Je n'arrive même plus à sourire de leur ridicule, le sentiment d'impuissance et de désarroi est bien trop fort.

Mon état est celui d'une dépression refusée. Parce que même faire une dépression serait rentrer dans leur jeu, accepter leur carcan. Les propos de la dépressive n'ont plus aucune crédibilité, tout comme ceux des autres "fous". Je refuse d'affronter leurs refrains préfabriqués, leurs pilules magiques et leurs thérapies bidon. Je préfère de loin transformer mon déespoir solitaire en ironie mordante, en textes venimeux et en mépris détaché. Les torrents de larmes soliatires sont la contre-partie de ce choix. 

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Commentaires
I
Quand je vais au bord de la mer je n'ai pas de plus grand plaisir que de marcher le long de la mer pour chercher les nacres échoués sur le rivage. Quand j'en trouve un, brillant de milles feus, je suis comme un petit enfant qui a trouvé un trésor. Le bonheur je crois que c'est cà : des petits bonheurs mis les uns à coté des autres. Le fait que tu m'ais répondu est aussi un bonheur.
M
Merci de me laisser un commentaire. Il est parfois étrange d'ête lue sans connaitre rien de ceux qui partagent cette intimité des mots. Je ne crois plus au trésor, mais cherche plutôt à cueillir les lumières éphémères dans ce monde sombre...
I
J'aime te lire. Ce que tu dis est juste. Les laideurs de ce monde ne doivent cependant pas nous masquer les beautés cachées. Pour ne pas tomber dans le cynisme et le désespoir il faut creuser la terre pour découvrir le trésor qui y était enfoui.
Mademoiselle en filigrane
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