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Mademoiselle en filigrane
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31 octobre 2008

Dépression.

Des frissons parcourant  tout mon corps de l’échine aux orteils. Les sueurs froides coulant le long de mes vertèbres saillantes. L’inertie totale. Chaque geste, chaque mouvement, chaque intention d’acte même devient un effort. Insurmontable. Hors d’atteinte. Mes os sont broyés, mes muscles engourdis, paralysés, mon corps tout entier est douleur. Les médicaments solution sont à portée de bras, à portée de main, à portée de bouche. Et pourtant. L’idée même de devoir les sortir, les compter, préparer un verre d’eau, les avaler un à un, me dissuade de toute tentative. Aucun mot, aucune parole, aucun désir, aucune envie, aucune expression, le vide. Vidée de pensées, vidée d’intentions, vidée de projets, vidée d’émotions. Le trou noir. Le néant. Je n’existe plus. Seul mon corps-souffrance me rappelle que j’occupe spatialement un espace, aussi minime soit-il, cet espace endolori et inanimé. Il m’est impossible de me laver, de me préparer à manger, même aller aux toilettes devient un calvaire. Aucun contact n’est possible, je suis seule dans mon monde vide. Le chat peut mourir de faim, les déchets peuvent s’entasser dans mon antre, la crasse peut s’accumuler sur mon enveloppe corporelle, je suis étrangère à tout cela. Ailleurs, perdue. Quelque part, loin, proche de la mort, à deux doigts de disparaître. La résurrection à portée de main, le retour à la vie tenant à une dizaine de gélules. Dormir, je veux juste dormir, à tout jamais. Même s’il faut endurer les cauchemars incessants, les réveils permanents, le froid saisissant, le chaud meurtrissant, la peur constante que ce sommeil s’achève, que ce répit ait une issue. Mais surtout la conscience aiguë et affligeante que je ne trouverai jamais le salut dans le sommeil, que mon mal ne peur guérir de lui-même sous ma couette. Que chaque heure passée à dormir est un pas de plus vers le gouffre. Qu’il faut impérativement fournir l’effort de prendre mes médicaments, ces pilules de rien du tout qui me permettent de survivre envers et contre tout. Qui me permettent d’avoir l’illusion d’être normale, de vivre comme les autres.

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Commentaires
M
Oui... J'ai écrit ce texte il y a cinq mois et pourtant... il sonne toujours si vrai... les pilules en moins.
L
Je me souviens, dormir pour oublier, et puis se réveiller encore plus mal, et regretter de s'être réveillée...
#
Comme je comprends ... Comme je me reconnais ... Comme ceci ne t'apporte aucune aide concrète, je le sais bien ... Tes mots sont beaux mais ta souffrance est immense, demoiselle. Je sais la douleur, quand l'hygiène, le chat, le réel, plus rien n'a d'importance que le Mal en soi. On me dit, on me crie même, que les médicaments ne sont qu'une béquille, que l'impulsion vient -et doit venir- de moi, mais comme toi je m'accroche à mes pillules du bonheur ... Pensées.
Mademoiselle en filigrane
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