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Mademoiselle en filigrane
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22 août 2008

Petit précis du sexe à échelle humaine.

Je cherche le Prince Charmant. Celui qui n’aurait pas de passé sentimental. Pas d’expériences sexuelles et amoureuses passées. Mais qui saurait me faire l’amour avec tendresse et précision. Celui qui ne serait pas obsédé par le sexe. Celui qui n’aurait pas besoin de films pornos sordides pour rêver. Celui qui ne rechercherait ni « partouze », ni « avaleuse », ni « teen », ni « dépucelage » sur Internet pour  assouvir ses besoins sexuels. Celui qui choisirait d’introduire la fantaisie dans son couple plutôt que de se soulager en visualisant du sexe « sale », du sexe au rabais, du sexe en distributeur automatique sur Emule. Celui qui parlerait de ses fantasmes plutôt que de les vivre par procuration. Celui qui n’aurait pas besoin de gros plans sur des sexes féminins pénétrés sauvagement pas des mâles surdimensionnés, celui qui serait suffisamment excitée par sa copine pour ne pas mater des filles aux seins énormes et aux lèvres gonflées de silicone. Celui qui n’aurait pas besoin de sexe virtuel, pas envie de branlette sauvage devant son PC, celui qui choisirait tout naturellement de prendre du plaisir « pour de vrai », aussi aléatoire et aussi imprévue que la véritable relation sexuelle soit. Celui qui aurait le courage de projeter ses fantasmes sur sa copine, et non sur des hardeuses siliconées, vulgaires, au plaisir totalement factice. Celui qui admettrait ne pas être Rocco Siffredi, sans jalousie aucune, et qui n’aurait pas besoin de Clara Morgane&cie pour bander et pour jouire.

              Mais l’homme est totalement conditionné par son rôle de mâle, imposé par la société. Car, sachez-le, l’Homme, le Vrai, parle avec détachement de sodomie, de gang bang, et autres fist fucking avec ses potes, sans toutefois n’en avoir vécu que des ersatz virtuels grâce à son ordinateur. Oyez, oyez, L’Homme, le Vrai a ses sites de cul préférés, ses hardeuses préférées, son type de film porno préféré qu’il obtient par mots-clés préférés, il se repaît de virtuel, de goûts par procuration. Il ne cherche pas à savoir s’il aime prendre sa copine par derrière, il préfère savoir qu’il aime la sodomie sur VLC media player, version aseptisée, normée, sans surprise ni aléas.

              En prenant une certaine distance quant à ce phénomène du porno omniprésent dans la vie sexuelle de nos hommes, on pourrait presque s’attendrir sur ces êtres fragiles et fragilisés qu’ils sont, soumis à la pression de la performance, toujours plus présente dans leur vie sexuelle réelle, et faisant donc retomber cette pression à grands coups de « brunette gros seins avaleuse double-pénétration .avi ». Car l’homme, le vrai doit tout d’abord ne jamais débander (ô honte suprême, que de ne pas éprouver de plaisir et de désir stable, continu et hautement prévisible !). Il doit être à la fois doux et sauvage, tendre et brutal, démonstratif mais pas envahissant, inventif et efficace, actif et passif (autant dire que l’esprit du mâle a quelques difficultés à synthétiser ces données d’exigence féminines qu’ila pu glaner au cours de sa vie sexuelle). Mais c’est loin d’être fini, il doit se charger lui-même d’exciter sexuellement sa partenaire forcément passive puisque Femme,  tout en l’embrassant, en lui susurrant des mots doux ou des insultes crues à l’oreille( au choix, sans aucun moyen de savoir à l’avance), et en s’efforçant de rester bandé (si toutefois il a réussi à bander), il doit sentir lui-même le moment de « passer aux choses sérieuses » (eh oui ! il faut le savoir, rien n’est vraiment sexuel si ce n’est la pénétration, on ne fait pas l’amour, on couche, et coucher équivaut à pénétrer…) et se charger de trouver/attraper/déballer/enfiler un préservatif, tout ceci sans que sa partenaire n’ait le temps de s’en rendre compte. Il doit ensuite assurer durant plus d’une heure un va-et-vient permanent, tout en changeant régulièrement de position, sans montrer qu’il fatigue, car c’est un Homme, un Vrai, et il doit faire jouire la femme une demi-douzaine de fois (celle-ci devant donc simuler une demi-douzaine de fois pour lui prouver qu’il est à la hauteur, vous suivez la logique ?) jusqu’à ce qu’exténué, il ait encore un peu de force et suffisamment de détermination pour réussir à jouire…

              On comprend donc que s’étant acquitté de son devoir conjugal, l’homme préfère passer le reste de son temps sexuel hebdomadaire dans ses vidéos pornos plutôt que de réitérer la corvée ! Il n’y aurait donc plus aucune place dans notre société actuelle pour du sexe authentique, à taille humaine ? Je rêve d’une société où l’on pourrait « faire l’amour » au sens propre de l’expression, où le sexe serait une concrétisation jouissive de l’amour présent au sein du couple… Je vois d’ici vos regards compatissants envers la « vierge prude et épurée que je suis »…

              Compatissez donc braves gens, moi je fais l’amour quand j’en ai envie, où j’en ai envie, comme j’en ai envie, avec l’homme que j’aime et que je désire ; je l’accepte comme il est, prends le parti de sourire de ses faiblesses, de jouer de ses fantasmes, d’explorer son corps et de laisser libre cours à mon désir et au sien; je suis libre de jouire ou non, autant de fois que j’en ai envie, et je n’exige rien de celui qui me fait l’amour. Je n’attends rien du sexe, et suis toujours agréablement surprise.

              Car finalement qu’est-ce que le sexe ? Une pipe au cinéma. Des caresses furtives sous un porche abrité de la pluie. Une grasse matinée de caresses et de baisers, de câlins et de confidences sous la couette. Un long baiser appuyé fait de pénétrations réciproques et mutuelles des langues qui se caressent sans fin. Une sodomie sauvage et consentie à trois heures du matin. Un gentil petit missionnaire quand on n’a pas envie de se prendre la tête. Le Kama-Sutra réinventé en couple un soir de folie, à grands coups d’éclats de rire et de sourires complices. Bien malin serait celui qui prétendrait enfermer le sexe dans un carcan normé. Et c’est cette liberté totale que je souhaite rendre aux hommes et aux femmes que nous sommes, la liberté d’éprouver, d’évoquer, de montrer amour et désir, sans peur des convenances, sans exigences arbitrairement imposées, juste du plaisir, du pur plaisir… bien réel celui-là !

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Commentaires
M
Que répondre? Sinon que oui, il me semble...
M
Rêve et réalité,<br /> Douceur et couleurs<br /> Ressenti et spontanéïté<br /> Amour et complicité<br /> Tendresse et sensualité<br /> Quel bonheur!
Mademoiselle en filigrane
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